Métro, boulot, dodo. Avec le rythme effréné du quotidien, ne pas avoir à adapter sa journée aux horaires de son agence bancaire est un confort rare et inégal selon sa banque et son lieu d’habitation.
Cet article entre dans le cadre d’un partenariat avec Moneyvox. Infostat-Marketing édite des données géolocalisées sur les banques et assurances.
En dépit de l’engouement indéniable pour les applications mobiles et sites de banque à distance, l’agence bancaire située à proximité de son domicile reste une attente principale pour plus de 4 Français sur 10, selon une étude du cabinet Sia Partners parue en début d’année. Toutefois, avoir son agence à deux pas de chez soi ou de son lieu de travail risque, en pratique, de ne pas être suffisant pour satisfaire le critère de proximité auquel les clients continuent à accorder de l’importance. Encore faut-il, en effet, que le guichet soit ouvert sur une plage horaire adéquate. Or, d’après notre étude exclusive basée sur l’Observatoire des horaires des banques d’Infostat Marketing, en partenariat avec Moneyvox, il existe des écarts importants selon les établissements. Ce relevé, enseigne par enseigne, compilé dans la cartographie ci-après, ne tient compte que des horaires des guichets permanents au sens de la Banque de France, c’est-à-dire ouverts au moins 5 jours par semaine.
Les bureaux postaux ouverts 25 heures par semaine
Ainsi, si La Banque Postale présente le réseau de distribution le plus conséquent de France (avec une offre bancaire complète à retrouver dans près de 7 800 bureaux de postes, soit un quart du réseau d’agences), ses guichets sont ceux ouverts le moins longtemps. La moyenne hebdomadaire d’ouverture des bureaux de poste est de 25 heures à fin 2020, contre 30 heures en moyenne pour les banques présentes en France métropolitaine. Compte tenu du poids de la Poste dans la quantité d’agences bancaires de métropole, ses horaires réduits pèsent de fait sur la moyenne nationale.
Dans le détail, nos données d’Infostat Marketing témoignent, au sein même des bureaux postaux, d’un écart horaire de 1 à presque 3 selon les départements. En région parisienne, on s’approche voire dépasse les 50 heures hebdomadaires. A l’inverse, dans la diagonale du vide – expression débattue qui fait référence à la bande allant des Landes à la Meuse où la densité de population est plus basse que dans le reste de la France – les bureaux de Poste peuvent être accessibles moins de 22 heures par semaine (soit aux alentours de 4 heures par jour sur 5 journées). Pas toujours facile dans ces conditions de se rendre à la banque après sa journée de travail.
Avec un rythme moyen de 29 heures hebdomadaires, les clients de la Caisse d’Epargne sont également moins bien lotis que la moyenne nationale, avec, concernant cette banque, un axe nord-sud / est-ouest évident. C’est dans le grand quart nord-ouest (Ile-de-France incluse) que les agences Caisse d’Epargne ouvrent le plus longtemps, entre 30 et 35 heures par semaine pour l’essentiel des départements. Au sud-est de la France, l’amplitude horaire dépasse également la moyenne nationale de la banque. En revanche, entre les deux – dans les départements du Grand-Est (Alsace en tête) et de la façade atlantique sud -, les moyennes départementales dépassent rarement les 25 heures hebdomadaires, d’après le relevé à fin 2020.
2- Paris, capitale des agences bancaires
Une étude sortie en 2010 portant sur des données de 2006 montrait la prépondérance de Paris dans les choix d’implantation des banques. 15 ans plus tard, les 233 fermetures d’agences intervenues en 10 ans ne remettent pas en cause cette exception parisienne. Paris reste une terre bancaire de prédilection avec ses 1 235 agences et points postaux recensés à fin 2020. C’est vrai pour les banques nationales ayant leur siège social à Paris mais pour les banques mutualistes et régionalisées qui y ont implanté une part importante de leurs guichets (11% des agences de la Caisse d’Epargne sont franciliennes, 15% pour le Crédit du Nord). Présence historique des groupes bancaires dans la capitale, dynamisme économique, richesse locale ou encore le flux de travailleurs et de voyageurs y passant chaque jour, expliquent la centralité bancaire de Paris.
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A l’opposée, la Seine-Saint-Denis est, en termes d’habitants par agence, le département le moins bien bancarisé de France, avec 1 guichet bancaire pour 3 807 Séquano-Dionysiens, contre 1 pour 1 773 Parisiens, ou 1 pour 2 847 personnes dans le Val-de-Marne.
3- 3 700 agences ont disparu en 10 ans créant plus de villages sans banque
Entre 2010 et fin 2020, la France a perdu 9% de ses agences bancaires, soit 3 700 guichets de moins. Tous les départements sont concernés à l’exception de la Corse, seul territoire à avoir gagné des banques, 9 agences précisément, en 10 ans. Les fermetures dans l’est de la Bretagne, les Pays de la Loire et la Vallée du Rhône dépassent la moyenne nationale.
Mais c’est dans le nord-est de la France, ancien bastion industriel où l’implantation bancaire est historiquement forte, que les restructurations ont été les plus importantes, avec une perte de guichets depuis 2010 dépassant les 12%. Ce n’est donc pas surprenant que sur les 654 communes qui ont perdu toutes leurs agences en une décennie, 18% se trouvent dans le Haut-Rhin, le Bas-Rhin et la Moselle.
4- Fermeture générale, redéploiement local
Pour conquérir de nouveaux territoires ou, en défensif, pour ne pas céder du terrain aux concurrents, certaines banques ont augmenté localement la taille de leur réseau, tout en fermant plus d’agences qu’en en ouvrant au niveau national. Sur les 10 dernières années, cette réallocation est particulièrement visible au sein du Crédit Mutuel. Ce groupe bicéphale a abaissé de quelque 200 points de vente son nombre de guichets dans ses deux bastions que sont la Bretagne et le Grand-Est. A l’inverse, entre 2010 et fin 2020, il a ouvert, en net, une quarantaine d’agences en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse, 10 dans l’Hérault, et 32 dans le sud-ouest.
5- Les agences ouvertes en moyenne 30 heures par semaine
Avoir une agence à proximité, c’est bien. Pouvoir s’y rendre c’est mieux. Or, avec des agences permanentes, accessibles en moyenne 30 heures par semaine réparties sur 5 ou 6 jours, ce n’est pas toujours possible. De plus, cette moyenne cache de fortes disparités selon les enseignes (25 heures pour la Poste, 29 heures pour la Caisse d’Epargne, 34 heures pour LCL, 37 heures pour HSBC) et selon les départements. Dans près d’un département sur 5, essentiellement ruraux, les agences bancaires ouvrent moins de 25 heures par semaine, soit 4 à 5 heures par jour réparties sur 5 ou 6 journées.
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Dans l’Aveyron, la Creuse, ou encore le Cantal, ces horaires même limités permettent de maintenir une présence bancaire, alors même que la densité de population y est faible. Rapportés au nombre d’agences, ces départements abritent plus d’une agence pour 1 000 habitants, soit un ratio deux fois plus favorable que la moyenne nationale.
6 – Les vrais raisons des fermetures d’agences
La baisse de fréquentation des agences bancaires, et son corollaire, la montée en puissance des outils de banque à distance, tiennent le haut du pavé argumentaire des banques pour justifier les fermetures d’agences. Et il est vrai que pour ouvrir un compte, programmer des virements et des prélèvements, et même pour faire un crédit conso ou ouvrir un livret d’épargne, l’agence n’est plus un passage obligé. Pour l’emprunt immobilier, c’est une autre affaire.
Autre bémol : la perte d’intérêt pour l’agence n’est pas partagée par tous. S’agissant des personnes en situation de précarité financière ou pour la clientèle des professionnels et des entreprises, l’agence et le conseiller bancaire personnel conservent en effet toute leur importance. C’est pourquoi la baisse de la fréquentation ne peut expliquer entièrement les fermetures.
Diminuer les charges et le coût du foncier des agences, orienter la clientèle vers les canaux numériques pour réserver le passage en agence aux opérations à forts enjeux commerciaux… Bref, augmenter la rentabilité des banques dans un contexte monétaire tendu explique aussi la perte de 9% du réseau métropolitain d’agences en 10 ans. D’autres hypothèses, comme copier leurs concurrents afin ne pas paraître en décalage aux yeux de leurs actionnaires et corriger les erreurs d’ouverture du passé sont aussi avancées.
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