Alors que les annonces de fusions, réorganisations des réseaux et fermetures d’agences se multiplient dans le paysage bancaire français, MoneyVox – site d’information sur la finance personnelle – s’est allié à Infostat – cabinet de géomarketing spécialisé dans la banque et l’assurance – pour faire le point sur la situation des agences bancaires et l’évolution de leur implantation depuis 10 ans.
S’il n’y a pas vraiment de désert bancaire aujourd’hui en France, cette étude montre l’ampleur des fermetures d’agence, et une grande redistribution territoriale. Mais aussi, des horaires d’ouverture très limités, en particulier dans les grandes villes !
Un ancrage dans les grandes villes, des ruraux pas vraiment à plaindre ?
La répartition des 32 000 agences bancaires françaises reste héritière de l’histoire : c’est à Paris, en petite couronne parisienne, dans le Nord, en Alsace et dans le Lyonnais – anciens bastions industriels et commerciaux – que l’on trouve la plus forte concentration d’agences bancaires. Les banques nationales (BNP, Société Générale, CIC, HSBC), visant une clientèle haut de gamme et urbaine, y sont particulièrement bien implantées. A l’inverse, les établissement mutualistes (Crédit Agricole, Crédit Mutuel…) sont répartis plus uniformément sur le territoire. La « palme » de la présence territoriale revenant à La Poste, et sa filiale La Banque Postale, présente sur l’ensemble du territoire du fait sa mission d’aménagement territoriale.
Si les zones rurales disposent d’une densité bien plus faible d’agences bancaires, cela ne signifie pas pour autant que celles-ci sont délaissées. En effet, le réseau d’agences y reste bien plus fort que la densité de population y habitant. Au final, il y a ainsi 729 habitants par agence bancaire dans la Creuse, contre 2 501 pour Paris…et 3 807 pour la Seine-Saint-Denis !
Des fermetures d’agence partout…sauf en Corse
Entre 2010 et 2020, 3 700 agences bancaires ont fermé sur le territoire. Ce qui représente une baisse de -9% du réseau bancaire. Un chiffre important, mais qui reste modéré par rapport à la moyenne européenne (18,5% entre 2014 et 20181). Si les banques nationales ont fermé, en proportion, le plus d’agences sur la période – 27% pour HSBC, 22% pour BNPP ou 17% pour Société Générale – en valeur absolue ce sont les réseaux mutualistes, plus fournis, qui ont le plus de fermetures à leur actif. A lui seul, le Crédit Agricole a ainsi fermé près de 620 agences sur la période !
Les fermetures touchent – presque – tous les territoires, mais les zones les plus denses en sont les principales victimes : le Nord, l’Alsace, Paris et une partie de l’ouest de la France sont les plus touchées par le phénomène. Un phénomène qui masque un rééquilibrage global de la répartition des agences, du Nord vers le Sud de la France, particulièrement visible au CIC ou au Crédit Mutuel. La Corse est la seule région qui a gagné des agences sur la période.
Ces fermetures d’agences font des villes malheureuses : ainsi 654 communes françaises, qui avaient en 2.
Des horaires d’ouvertures faibles et problématiques, en particulier en ville
Les durées d’ouverture hebdomadaire des agences sont très faibles : en moyenne, une agence n’est ouverte au public que 28h par semaine, soit 5 heures et 36 minutes par jour pour une semaine de 5 jours…et bien sûr moins si l’agence ouvre le samedi matin !
Cette moyenne masque des différences importantes en fonction du type de région : en Ile-de-France, les 35 heures d’ouvertures peuvent être dépassés ; certains départements urbains (Bordeaux, Lyon, Côte d’Azur) sont autour des 30h par semaine ; enfin, il existe une véritable « diagonale du vide horaire », des Ardennes à l’Ariège, où les agences souvent ouvertes moins de 25 heures par semaine.
Paradoxalement, ce dernier cas n’est pas le plus problématique : il s’explique par l’existence de petites agences ouvertes seulement quelques jours dans la semaine – manière pour les banques de limiter la désertification bancaire à moindre coût. En revanche, dans les grandes villes, une plage horaire de 7h par jour semble insuffisante pour des clients aux horaires de travail souvent bien plus larges…
Source : Marie-Eve Frenay – Moneyvox
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